Des projections, expositions de photos et conférences nous ont rappelé combien il était important de comprendre et d'agir pour la protection des écosystèmes sous-marins.
Avant sa conférence intitulée "Les secrets de la Méditerranée – le voyage continu", Pierre-Yves Cousteau a bien voulu répondre à une interview exclusive pour Yumping France, sur les marches du Palacio de Cristal à Madrid !
Yumping France - Bonjour Monsieur Cousteau, et merci de nous accorder quelques minutes ! En deux mots, pouvez-vous nous dire ce que vous êtes venu présenter aujourd'hui au Dive Travel Show 4e édition ?
Pierre-Yves Cousteau - Je viens présenter le projet Cousteau Divers. J'ai choisi l'anglais, car c'est un projet mondial. L'idée, c'est de regrouper tous ces gens qui ont été motivés par mon père pour faire de la plongée, tous ces gens qui ont été inspirés, pour leur donner les moyens de devenir des agents de la protection et de l'étude de l'environnement marin.
Y.F. - En quoi consiste exactement ce projet ?
P.Y.C. - Oui alors, il y a 3 parties au projet Cousteau Divers :
- Partie science participative : on demande à des gens qui ne sont pas des scientifiques de rapporter leurs observations faites pendant leurs plongées, et qui vont permettre de faire un diagnostic de la santé des écosystèmes à l'endroit où les observations ont été faites et de faire le suivi de cette santé. L'idée globale, c'est d'avoir des informations qui nous remontent en permanence et donc, un diagnostic de la santé des océans. Cela permettra ensuite d'agir comme un système immunitaire sur des zones d'alertes où on a de soudaines baisses de biodiversité ou de biomasse.
- Multimédia participatif : les gens peuvent poster leurs photos et leurs vidéos comme ils ont l'habitude de le faire sur les réseaux sociaux. Les photos sont toutes géolocalisées et chronos-marquées, ce qui nous permet de savoir quelles espèces étaient à quel endroit, quel jour… et c'est une information scientifique pertinente que l'on peut comparer aux images d'archive pour avoir une idée de ce qu'il s'est passé entre temps.
- Et la partie Communautaire, qui est un site communautaire comme tant d'autres.
*Note de la Rédaction : Le projet consiste à effectuer une comparaison "Avant/Après" en comparant les images actuelles prises par les plongeurs, aux images d'archive laissées par le Commandant Cousteau.
Y.F. - Donc tout passe par votre page ?
P.Y.C. - C'est ça, tout passe par la page.
Y.F. - Vous faites des expéditions aux quatre coins du globe, quelles sont vos prochaines expéditions ?
P.Y.C. - Actuellement, je ne sais pas. Je suis en train de me concentrer sur le développement des centres de plongées affiliés. Nous sommes en train de développer un réseau de centres de plongées qui vont agir comme des observatoires permanents de la biodiversité sur leurs sites de plongée. Un petit peu comme des jardiniers de la mer. Ça s'appelle les "Cousteau Dive Centers", centres de plongée Cousteau. Je suis en train de me concentrer là-dessus, c'est plus de l'administration. C'est moins sexy que des expéditions, mais j'aimerais bien retourner sous l'eau dans pas longtemps ! Le plus tôt sera le mieux !
Note de la rédaction : Un centre Cousteau Diver est bien plus qu'un label, c'est une manière d'organiser ses cours de plongée, de protéger le littoral alentour et de participer à l'aboutissement du projet Cousteau Divers.
Y.F. - Vous êtes enfin ambassadeur de bonne volonté de l'UICN (Union International pour la Conservation de la Nature), qu'est-ce que cela représente pour vous ?
P.Y.C. - L'UICN c'est la plus vieille et la plus grande association de protection de la nature. Elle regroupe toutes les ONG dont on entend parler, y compris National Geographic, y compris Cousteau, y compris WWF… et en fait, c'est la seule organisation qui siège à l'ONU en tant qu'observateur. Donc, ils sont une voix forte. Ils ont un réseau d'experts scientifiques, plus de 60 000 experts partout dans le monde qui donnent leur expertise pour des projets de conservation de la nature. C'est un réseau fantastique pour donner un coup de pouce à des projets de protection de la nature.
Y.F. - Quelques petites questions sur votre expérience personnelle en tant que plongeur… à quel âge avez-vous commencé à plonger ?
P.Y.C. - À 9 ans !
Y.F. - Des souvenirs, une anecdote particulière à partager ?
P.Y.C. - A ma première plongée, on m'a fait enlever mon masque, j'ai flippé et je suis remonté à la surface comme une bouée… Comme tant de gens le font! Je l'ai découvert plus tard en devenant moniteur.
Ma deuxième plongée, j'ai eu la chance de voir un requin ! J'ai vraiment eu peur, je me suis éloigné, je ne suis pas reparti à la surface, j'avais compris que ce n'était pas bien. Et puis j'ai vu que le moniteur n'était pas apeuré, que le requin ne bougeait pas, c'était un requin nourrice qui ne bougeait pas, qui dormait, enfin… je ne sais pas ce qu'il faisait ! Donc, je me suis approché, j'ai trouvé l'animal fascinant. Et puis c'est lui qui nous a vu et qui s'est barré ! Parce que finalement, je pense qu'ils ont beaucoup plus peur de nous et qu'ils ont raison.
Y.F. - Des projets pour le futur ?
P.Y.C. - Oui ! Je pense que, dans l'avenir, je me verrai bien ouvrir un centre de plongée quelque part. Parce que j'ai besoin d'être près de la mer, et d'être sous l'eau le plus souvent possible.
Y.F. - Merci Pierre-Yves Cousteau ! Et bonne continuation !
Une belle initiative à faveur de l'environnement, à laquelle nous vous invitons à participer si vous êtes plongeur ou centre de plongée. On entend souvent dire que l'eau, c'est la vie. Travailler activement à la protection des mers et des océans, c'est travailler à la protection de cet équilibre si fragile qui nous permet d'exister…
Retrouvez toutes les photos de notre rencontre sur la Page Facebook de Yumping France.
